Les compositeurs de la période baroque avaient fait du recyclage un art. On empruntait, arrangeait, transformait allègrement les oeuvres des autres, navigant des formes savantes aux traditions populaires avec une liberté dont le classicisme perdra le goût. Formé par les maîtres européens les plus rigoureux, Leonardo García Alarcón n’en a pas moins conservé de son Argentine natale la fantaisie et l’amour du mélodrame. Il reprend ici, avec ses complices musiciens et chanteurs de la Cappella Mediterranea, le flambeau du pastiche, consistant à créer une oeuvre nouvelle en juxtaposant et retravaillant des pièces existantes de divers auteurs. Roland de Lassus, Sigismondo d’India, Alessandro Scarlatti donnent ainsi la main aux tarentelles et lamenti anonymes dont la vitalité, l’émotion, la violence ne leur cèdent en rien. Et l’on retrouve les yeux du public du sud de l’Italie, il y a trois siècles, pour suivre les malheurs de la pauvre Cecilia, dont la mélancolique chanson calabraise irrigue tout le drame…
Amore Siciliano
Cappella mediterranea
