En 1969, Philip Glass a écrit Two Pages (février), Music in Fifths (juin), Music in Contrary Motion (juillet) et Music in Similar Motion (novembre), en utilisant le même principe de répétitions d’éléments musicaux simples se complexifiant au fur et à mesure. Ces quatre pièces ont fait date dans le tout nouveau mouvement musical de cette époque : la musique minimale.
En 1994, regroupées pour la première fois, ces quatre pièces ont été éditées sur disque par le Philip Glass Ensemble.
La répétition à l’infini de ces formules musicales simples révèle le timbre et donne le temps au son de s’ouvrir et d’occuper l’espace. Ces qualités sont d’autant mieux servies quand cette musique est jouée par des instruments aux timbres riches adjoints de bourdons. Cette musique est basée sur une sorte d’envoutement, c’est la raison même de l’existence du bourdon de la cornemuse. Philip Glass a composé ces pièces après un long voyage en Afrique du Nord et en Inde. Peut-être est-ce pour cela que ces pièces sont modales et parfaitement adaptées aux cornemuses ? Étonnamment, elles semblent écrites pour ces instruments.
« Je me suis d’abord emparé, en solo, de Two Pages. Elle est enregistrée sur le disque Goebbels/Glass/Radigue et présentée sous forme concertante. Je me suis ensuite intéressé, en concert et en disque, à Music in Similar Motion avec mon quatuor, SONNEURS. Deux premières étapes qui m’amènent à cette nouvelle envie.
Je souhaite, en 2024, date anniversaire des compositions (55 ans) et du disque du Philip Glass Ensemble (30 ans), reprendre, présenter et enregistrer l’intégralité de ces oeuvres. Mon « ensemble » sera composé de huit sonneurs : biniou en si bémol, biniou en sol, cornemuse en do, cornemuse en sol, bombarde en si bémol, bombarde en sol, trélombarde en si bémol, bombarde baryton en sol.
Cette nouvelle forme permet le son continu, grâce à la poche des cornemuses et leurs différents bourdons ainsi qu’une extension de l’ambitus grâce aux bombardes. Cet ensemble est étagé, les binious dans l’aigu et les bombardes barytons dans le bas. Mais, il y a aussi les groupes traversant les hauteurs, les instruments en sib et ceux en sol. Ces instruments étant tous à timbres riches, chaque groupe, si bémol et sol, développe ses harmoniques propres qui viennent se frotter à celle de l’autre groupe. Ces différents frottements produisent un enrichissement du timbre global. Enfin, cet ensemble offre la puissance de huit sonneurs jouant frontalement. » Erwan Keravec