Le compositeur allemand, farouchement opposé au nazisme, choisit dès 1933 l’exil intérieur, refusant de prendre part à toute vie culturelle mais désirant témoigner. Chacune de ses œuvres sont des dénonciations et des appels à la résistance. Son concerto, écrit en 1939 et dédié à son fils de quatre ans, est un véritable cri contre l’aveuglement humain mais aussi une œuvre qui se veut porteuse d’espoir et d’une profonde foi en l’avenir de l’humanité.
Cette musique, aux aspects sombres, est mise en résonance avec la musique céleste de Hildegarde de Bingen. A la fois abbesse, compositrice, médecin et écrivain, elle était connue pour avoir été inspirée dès l’enfance par de nombreuses visions divines. Les trois Visions choisies sont trois piliers fondateurs qui guident vers la lumière.
Afin d’interroger le 21e siècle, nous avons passé commande à Philippe Hersant qui a écrit Une vision d’Hildegarde, qui est comme un trait d’union entre ces deux mondes – vision mystique et vision d’enfer.
Les deux pièces pour octuor à cordes de Chostakovitch viennent compléter ce programme, échos aux citations du concerto. Chostakovitch n’a que 18 ans lorsqu’il compose ces deux mouvements qui furent dédiés à l’ami poète Volodia Kurtchavov, disparu prématurément. Dans ces pièces se déchaîne toute la force viscérale qui frappe dans l’œuvre de Chostakovitch et ne laisse jamais l’auditeur indifférent.
Au-delà d’une succession d’œuvres qui pourraient exister par leur seule éloquence, force et beauté, il s’agit de plonger dans une expérience sensorielle et intellectuelle qui rappelle que ce ne sont ni les lieux ni les époques qui déterminent nos passions.
L’Heure Bleue
Marianne Piketty & Le Concert Idéal
