La Roulotte d’Arlequin se situe en Italie en plein miracle économique, dans les années 1960. Heureuse et joyeuse époque où l’on roule en Fiat 500 et en Vespa ! Une troupe d’artistes chemine sur les routes en roulotte pour donner, de village en village, La Pazzia Senile, une comédie madrigalesque du compositeur de la Renaissance, Adriano Banchieri.
La Roulotte au début du spectacle a l’aspect d’un chariot sur lequel on transporte les objets du quotidien et de théâtre. On fait halte, on répare les costumes, on installe des tables, on joue, on mange la pasta, on chante le fameux répertoire du Festival de Sanremo dans les années 1960, Come prima, Volare, Parole parole, Mambo italiano dansé par Sophia Loren, Tu vuò fa’ l’Americano, par les grandes stars de l’époque, Ornella Vanoni, Mina, Peppino di Capri, Dalida… mais on chante aussi des villanelle d’inspiration populaire du XVIe siècle.
Puis cette joyeuse troupe déploie la Roulotte qui devient, sous les yeux du public, un théâtre ambulant. Sur son plateau ils vont représenter la comédie madrigalesque de Banchieri (1568-1634) la plus fameuse de son temps : La Pazzia Senile (La Folie Sénile), une mise en musique totalement déjantée d’un canevas de Commedia dell’Arte. Elle raconte des histoires qui nous font rire depuis toujours : Pantalon, un vieux marchand libidineux de Murano veut marier sa fille à un Docteur de commedia bedonnant et pérorant. La fille, elle, préfère bien sûr le jeune bellâtre qui soupire, mais qui est incapable de prendre une initiative. Heureusement, Arlequin est là, le valet de Pantalon, vif, souvent balourd, mais ô combien malin, qui va sauver la situation… sans oublier… Lauretta, la Courtisane, haute en couleurs !
Entre les actes de La Pazzia Senile, Banchieri avait écrit des intermèdes musicaux, qu’il changeait librement à chaque réédition. Cette troupe de joyeux lurons décide elle aussi, en toute liberté, de remplacer les intermèdes par des chansons et des chorégraphies de leur temps vues à la RAI, la télévision italienne. Les personnages des chansons y sont proches des types de la Commedia. La Folie Sénile n’a pas d’époque !
La Roulotte d’Arlequin s’installe sur les places des villages, déploie ses tréteaux et ses voiles. Elle est joyeuse et irrévérencieuse. Elle parle à notre imaginaire collectif de l’itinérance des troupes de théâtre et d’opéra au XVIe et XXe siècle, des chansons populaires italiennes des années 1960, de la Dolce Vita, de la redécouverte de la commedia dell’arte et de la Renaissance. Elle illustre combien la musique italienne d’essence populaire, qu’elle soit de 1560 ou de 1960, possède le même charme immédiat, la même énergie et la même émotion.