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Il giardino di rose

Le Stagioni

Il giardino di rose

L’aube du XVIIIe siècle romain voit l’éclosion d’un âge d’or des arts, de la musique en particulier. L’Urbs exerce alors un attrait sur les poètes, peintres et musiciens italiens et européens, ainsi que sur les voyageurs, ambassadeurs, nobles, princes et princesses en exil, qui forment un substrat social et artistique fondamental au développement d’une vie artistique intense et féconde. L’instabilité politique qui marque l’Europe à cette époque (guerre de succession d’Espagne, rivalité franco-autrichienne, invasion turque de la Hongrie) et les catastrophes naturelles qui frappent Rome poussent le pape Clément XI à exorciser un climat de troubles et d’inquiétudes par une politique de grande austérité. Pendant plusieurs années, il bannit fêtes publiques, courses de chevaux, bals et mascarades, ainsi que spectacles divers, opéras ou comédies. Cette interdiction suscite en retour une envie d’autant plus forte de musique et de spectacles. Afin de contourner la bulle papale, la grande aristocratie romaine trouve refuge dans des formes musicales plus adaptées à ces circonstances exceptionnelles : sérénades, cantates et surtout oratorios. C’est à cette époque donc que l’oratorio voit se conférer les titres de noblesse qu’on lui connaît aujourd’hui. Souvent représentés dans les salons des palais aristocratiques en forme sémi-scénique, avec des décors sobres et élégants, les oratorios romains mettent le plus souvent en scène des personnages allégoriques (la Foi, la Religion, l’Espérance…) dans des fables moralisantes aux lectures multiples, conçues à la gloire de l’Église, du Pape ou de la Religion.
Telles des fleurs qui surgissent courageusement des neiges au premier soleil de printemps, les œuvres d’Alessandro Scarlatti, Caldara, Haendel et bien d’autres défient l’inquiétude et l’austérité de leur temps en réjouissant les esprits dans une synthèse exquise de beauté, force, courage et morale. Très actuelles, ces œuvres résonnent toujours aujourd’hui à notre oreille et à notre esprit. Le message d’espoir revêt pour nous une importance capitale, à un âge où les guerres, les épidémies et l’austérité nous sont à nouveau familières.

Dans la continuité d’Officina Romana. A Wonder Lab at the Dawn of the 18th Century (Arcana / Outhere Music, 2021), l’ensemble Le Stagioni poursuit l’exploration du premier XVIIIe siècle romain en s’intéressant en particulier aux oratorios. Le premier d’entre eux sera Il giardino di rose d’Alessandro Scarlatti. Commandé par le marquis Francesco Maria Ruspoli pour la fête de Pâques en 1707, Il giardino di rose met en musique une fable métaphorique et morale : l’action se déroule dans un somptueux jardin, soigné avec amour par Religione (la Religion – ténor), avec l’aide de Penitenza (la Pénitence – alto) et le réconfort de Carità (la Charité – soprano) et de Speranza (l’Espérance – soprano). Les plus belles fleurs, les roses, sont ici menacées par le vent froid du nord, Borea (Borée – basse), qui tente en vain de franchir le seuil du jardin pour en détruire les fleurs de son souffle glacé. La fable allégorique revêt aussi des connotations politiques : Borea n’est autre que l’empereur du Saint Empire Germanique, Joseph I, qui menace l’état pontifical, en pleine guerre de succession d’Espagne, tandis que la Religion représente le pape Clément XI, qui résiste vaillamment aux pressions autrichiennes.
L’œuvre brille par ses innovations musicales, notamment l’orchestration coloriste avec de nombreux instruments solistes (flûte à bec sopranino, trompettes, hautbois…), aux effets d’imitation naturalistes et onomatopéiques. Elle touche par ses airs tendres et poignants (« Starò nel mio boschetto ») et ravit par ses morceaux rapides et enjoués. Elle se prête en outre aussi bien à une interprétation en grand effectif, où vingt à trente instrumentistes accompagnent les chanteurs solistes, qu’à une proposition en orchestre de chambre. De fait, après la création en 1707 avec un orchestre associant cordes et vents, une reprise eut lieu dès l’année suivante avec un effectif restreint aux instruments à cordes.

Infos

Repertoire

Baroque

Genre

Vocal et instrumental

Nombre d'artiste sur scène

25

Caractéristiques

Opéra

Décors

Non

Extraits

Extrait video

Dates de concerts

Août 2024 - Rencontres musicales de Vézelay Diffusion à partir de 2024, possible aussi pour les années qui suivent.

Commentaires

L'oeuvre se prête aussi bien à une interprétation en grand effectif, où vingt à trente instrumentistes accompagnent les chanteurs solistes, qu’à une proposition en orchestre de chambre. De fait, après la création en 1707 avec un orchestre associant cordes et vents, une reprise eut lieu dès l’année suivante avec un effectif restreint aux instruments à cordes. Une proposition de mise en espace, appuyée sur un travail dramaturgique approfondi, est aussi à l’étude afin d’accompagner les spectateurs dans leur découverte de l’œuvre.